Ouvre-moi la porte, toi qui as ma clé !

30/10/2017

« Il faut communiquer ! »

Très (trop) souvent encore, l'acte de communication en entreprise à travers un média ou un événement s'apparente à une ambition de cocher une case dans sa to do-list. Pourtant, au delà de l'investissement tant financier que humain, la communication qu'elle soit globale et porteuse de sens ou de proximité et orientée sur la relation, reste le meilleur vecteur de stimulation, d'interpellation et de motivation des collaborateurs.

Paul Watzlawick, théoricien de la communication et membre fondateur de l'école Palo Alto, déclarait en son temps cette phrase devenue célèbre : « on ne peut pas ne pas communiquer ». C'est vrai, on ne peut pas ! J'ajouterais cependant cette précision qu'à contrario, on peut tout à fait MAL communiquer.

J'ai longtemps exercé mon métier de communicante dans des entreprises qui, au fil des années, prenaient progressivement conscience des enjeux portés par la communication, toutes les communications : partage du sens, des valeurs, de la vision, de la culture, écoute, échange, reconnaissance, création de liens, d'un projet commun, interactions, expérimentations... Tant et si bien qu'elles ont décidé de faire de la communication, une compétence qu'il fallait évaluer dans le cadre des entretiens annuels. Cette étape franchie, il a fallu former. Les managers d'abord, et puis finalement tous les collaborateurs, à l'animation d'une réunion, la prise de parole en groupe, l'utilisation des NTIC...

Bien sûr, se former est important. Mais la majorité des modules de formation classés derrière l'onglet « communication » sont centrés sur la bonne utilisation d'une boîte à outils, d'une méthodologie toute faite qui, si elle est bien appliquée, sera forcément gage de succès. C'est oublier qu'il n'y a rien de moins exacte que la science humaine. C'est oublier que l'essentiel n'est pas de se centrer sur ses compétences ou son savoir-faire, même si c'est important, mais bien sur l'individu que l'on a fasse à soi.

Paul Ware, transactionaliste américain, décrivait dans un article ce qu'il a appelé « les portes de la personnalité ». Chaque individu se caractérise par des émotions prioritaires, des besoins spécifiques à satisfaire, une manière de gérer les difficultés, de communiquer, des mécanismes de défense ou d'adaptation à un changement... Pour Paul Ware, en fonction des caractéristiques évoquées et du parcours de vie, chacun privilégiera un des 3 modes communication pour entrer en relation avec l'autre : l'action ou le comportement, les émotions ou sensations et enfin la pensée. Ce qui concrètement pourrait se traduire par le souhait de partager avec l'autre : le « faire ensemble », le « ressentir ensemble » ou le « réfléchir ensemble ».

Appliqué à la communication en entreprise, le principe des portes de la personnalité donne un éclairage particulier et une autre manière d'appréhender le pourquoi du succès ou de l'échec d'une prise de parole ou d'un événement de communication interne. Si l'orateur peut assez facilement identifier quelle est sa porte privilégiée, qu'en est-il de son auditoire ? Sens, émotion, action...il y a sans nul doute face à lui autant d'attentes que de visages.

Alors, si au-delà des clivages générationnels X, Y, Z, baby-boomers...et du casse-tête du comment manager les rebelles tout en captant l'intérêt des digital-natives, on envisageait pour toucher le plus grand nombre de simplifier cette équation en se posant avant tout acte de communication, 3 questions simples :

  • Quel est le projet dans lequel je souhaite nous engager (action) ?
  • Comment allons nous le construire ensemble (réflexion) ?
  • Qu'est-ce qui m'anime dans ma démarche et que je souhaiterais partager (émotion) ?

La société et les entreprises évoluent et se transforment, c'est vrai ! Pourtant, il y a des principes fondamentaux qui n'évoluent pas ou peu. Pour être compris, il faut être entendu. Et pour être entendu, il faut savoir faire preuve d'agilité dans sa communication et considérer que l'autre, n'est pas moi.