Oser la reconversion, c'est s'en donner la permission !

12/02/2018

par Florence Dubernet

PREAMBULE

Il existe mille motivations qui poussent à la reconversion professionnelle. Pour la définir simplement, je me suis tournée vers Pôle Emploi qui considère que la reconversion professionnelle est une démarche visant à changer de métier ou de statut. Elémentaire mon cher Watson !

J'ai décidé pour ma part de me reconvertir il y a 3 ans après avoir évolué dans les métiers de la communication pendant plus de 15 ans. Depuis ce jour, j'ai du répondre 1000 fois à la fameuse question : «Mais, tu fais quoi maintenant ? ». Plus que de savoir ce que je fais, j'ai envie aujourd'hui de partager ce que j'ai appris depuis que j'ai quitté ma berge pour naviguer sur des eaux aussi enrichissantes qu'inconfortables parfois. Voici donc en quelques mots, ce que j'aurais pu appeler il y a quelques années un RETEX, comprenez un retour d'expérience qui s'attardera sur le regard de l'autre, la capacité à se donner la permission d'être autrement, le complexe de l'imposteur, ou encore le récurrent bras de fer avec le tempo... Autant de sujets que j'ai découvert au fil des années. Autant de sujets que je vais aborder ici en y déposant ma vérité mais aussi des outils simples qui pourront éclairer certains.

NDLR : J'utiliserai le JE dans cet article d'abord parce qu'il parle de moi, mais aussi et surtout parce qu'il n'engage que moi. Et parce que je suis une grande bavarde et que lire des textes trop longs c'est parfois compliqué, j'ai choisi d'aborder une idée par post. Il faudra donc revenir pour en savoir plus !

Si j'ai employé le verbe « OSER » dans le titre de cet article, c'est parce qu'il m'apparaît essentiel aujourd'hui de comprendre que la reconversion, c'est la rencontre de deux phénomènes. D'abord, il y a le cheminement personnel et professionnel qui amène chacun à avancer, à se développer, à franchir des obstacles, à faire des choix, à relever des défis et puis à faire des rencontres inspirantes si la chance vous sourit ! Sur ce chemin, chacun apprend, tire des enseignements et parfois fait germer la graine d'un projet.

Et puis, il y a quelque chose de plus profond avec lequel chacun doit cohabiter : ses permissions. Celles-ci tirent leur origine de l'enfance et sont le fruit des messages positifs et des encouragements reçus favorisant l'autonomie. Tu peux réussir, tu peux faire confiance, tu peux te faire plaisir, tu peux réussir sans t'épuiser, tu peux demander de l'aide... sont un extrait des permissions telle que l'analyse transactionnelle les définit.

Pour se reconvertir, il faut oser. Mais pour oser, il faut pouvoir s'en donner la permission.

Ainsi, avant de sauter dans le grand bain, je crois intéressant de faire un premier tour d'horizon en utilisant la roue des permissions. Créée par Gysa Jaoui* dans les années 80, cette roue est un schéma circulaire qui permet de matérialiser l'étendue plus ou moins grande des permissions dont chacun jouit dans différents domaines de la vie (cf. schéma).

Pour représenter le degré de permission dont on dispose dans chaque domaine proposé, il suffit de hachurer la partie du segment correspondant. 

Ex : sur une échelle de 0 à 100, quelle permission de « réussir » je suis capable de me donner aujourd'hui.

Si je me place maintenant au milieu du cercle, qu'est-ce que j'observe ? S'agit-il d'une permission infinie ou du mur de l'interdit ? L'espace coloré délimite ce que l'on appelle notre « enclos scénarique* », un endroit où l'on se sent parfois à l'étroit mais où l'on peut également se sentir en sécurité. La sécurité, ou plutôt le besoin de sécurité, un sujet majeur avec lequel il faut être au clair avant de s'engager sur la voie du changement.

Pour aller plus loin, chacun des items proposés est regroupé en 4 thématiques sur le diagramme qui permettent à chacun de déterminer où il se situe.

- Mes sentiments : Est-ce que je peux montrer mes émotions ou est-ce que je ne m'autorise à les vivre que dans la solitude ? Le plus bas niveau étant un déni total du ressenti qui peut rendre complexe un projet de reconversion qui nécessite de (se) déstructurer pour (se) restructurer au moins en partie et donc d'être capable de s'écouter et d'être authentique.

- Moi : Cette partie du diagramme raconte quelle permission je me donne d'être, d'exister, mais surtout d'être moi-même c'est à dire savoir qui je suis, ce que j'aime ou n'aime pas, ce que je souhaite accomplir, et d'avoir du plaisir en le faisant.

- Les autres : Il est ici question de nos relations à autrui, de notre capacité à faire confiance, à appartenir à un groupe, à être proche et à nous laisser voir et connaître en profondeur. Il est également question de notre capacité à laisser s'exprimer notre part d'enfant, berceau de la créativité, de la spontanéité, et de nos besoins.

- Le monde : Cette dernière partie du diagramme focus sur notre capacité à avoir un impact sur notre environnement en nous autorisant notamment à réussir dans ce que nous entreprenons dans la vie professionnelle et personnelle.

Réaliser sa roue des permissions, c'est l'occasion de manière simple de matérialiser là où je me situe. C'est également l'occasion de clarifier les besoins que je peux avoir pour avancer sur le chemin que je suis en train de dessiner : ressources internes (mes forces, mes talents, mes expertises...) et ressources externes (conseil, coach, expert, formateur...). Enfin, c'est un outil qui matérialisera sur papier les axes de développement personnel prioritaires sur lesquels un travail peut/doit s'engager. Pour exemple simple, si j'ai du mal à me donner la permission de « faire confiance » à l'autre et que je me prédestine à un métier dans lequel j'ai besoin d'interagir, de collaborer, notamment pour me développer, je risque de me mettre en difficulté.

Dans le prochain article, j'aborderai la puissance du regard de l'autre.

* Gysa Jaoui a étudié la linguistique et la sémiologie. Elle est une des pionnières en France de l'Analyse transactionnelle. Elle a une large expérience de son utilisation dans le champ des entreprises et de la psychothérapie. Elle est membre-enseignante de l'Association internationale d'analyse transactionnelle et l'auteur de Le Triple Moi édité chez Robert Laffont.

* Enclos scénarique Représentation selon Gysa Joaui de l'espace au sein duquel nous pouvons vivre et agir de manière libre et spontanée. Au delà de cet enclos, chacun est confronté à sa propre insécurité : le mur de l'interdit, fruit de son histoire de vie.