Et si nous réinventions le jusqu'au boutisme ? 

22/01/2018

par Florence Dubernet

A l'heure où les jeunes générations nourrissent réseaux sociaux et parfois dictionnaire de leur vocabulaire pour le moins créatif, me vient l'idée saugrenue de m'essayer à mon tour à ce nouveau sport de compétition. Ainsi, je vous propose de revisiter le terme « jusqu'au-boutisme » qui dans l'intelligence collective et le petit Robert se traduit littéralement par le mot « extrémisme ». Et si tout à coup, le « jusqu'au-boutisme » devenait la qualité de ceux qui savent tout simplement comme son nom l'indique : aller jusqu'au bout ! 

Pourquoi cet intérêt soudain pour les « jusqu'au-boutistes », me direz-vous ? D'abord pour partager un constat assez simple qui consiste à poser le fait que trop grand nombre d'organisations mobilisent énormément d'énergie, de temps et d'argent dans l'émergence d'un projet, d'une stratégie ou d'une vision sans se donner les moyens d'aller jusqu'au bout. A l'heure où le collaboratif devient la norme, imaginez le coût global en temps passé sur ce projet structurant indispensable c'est vrai, si et seulement si, il est correctement mené du début à la fin. Et tout le problème réside dans ces quelques derniers mots !

Les raisons de cette perte d'intérêt progressif sont variées : changement de dirigeant et besoin d'inscrire sa marque, mutations et changements divers et variés qui redéfinissent les priorités, difficultés conjoncturelles, problème de leadership, de clarification ou de compréhension des enjeux par les équipes, d'animation, de reporting régulier... Bref, les occasions sont nombreuses de perdre de vue les objectifs qui ont été fixés et partagés en interne.

Le danger ? Le désintérêt, le désengagement, la démotivation, la perte du sens collectif. Comme une boucle qui se doit d'être bouclée, et bien bouclée, un projet qui nait et se développe grâce au levier de l'intelligence collective nécessite autant d'énergie et d'investissement dans son lancement, son animation que sa phase de clôture autrement appelée « bilan ». Comme le dit si justement l'adage, c'est rendre à César ce qui lui appartient, envoyer les signes de reconnaissance indispensables aux personnes engagées de manière à nourrir, entretenir et stimuler le réservoir de leur mobilisation individuelle, de leur envie d'y croire tout simplement. Et si lors de la phase de lancement d'un projet nous prenions simplement le temps de réfléchir à la manière de le faire vivre, de l'animer et de le clôturer ?

Prendre la route sans chercher à savoir où ni comment on va arriver illustre un goût prononcé pour l'aventure du latin adventura - ce qui doit arriver. Un fatalisme qui semble difficilement compatible avec les exigences de réactivité et d'agilité du monde économique d'aujourd'hui. Alors finalement, le jusqu'au-boutisme : cela vous tente ?!